jeudi 2 mai 2013

Oblivion vaut-il un pet de lapin ? (en quatre points)

Cet article donne un point de vue subjectif sur Oblivion, un film américain de Joseph Kosinski.

La question "Oblivion vaut-il un pet de lapin ?" s'est posée lorsque ma femme et moi sommes sortis du Gaumont Saint-Serge ce mardi 30 mai à une heure moins le quart du matin et que nous avons assisté impuissants au départ du dernier tram de la nuit qui nous aurait permis de rejoindre nos pénates sans effort. Nous avons donc eu tout le temps d'en parler en rentrant à pied à la maison.

"Ce film ne vaut pas un pet de lapin.", m'a-t-elle dit. Défi relevé. Avec la complicité de Caramel, le lapin scolaire hébergé par nos meilleurs amis, j'ai pu me faire une idée. Mais revenons au film.
  • La musique
Dans les plats cuisinés que l'on achète en supermarché et dont parfois on nous trompe sur la nature de l'animal qu'ils recèlent, le sel sert à donner du goût à des préparations qui en ont peu. Le même sel qui sert aux grands chefs à sublimer les sensations subtiles provoquées par leurs plats équilibrés. Les plats cuisinés sont parfois associés à certains de ces grands chefs pour prolonger l'illusion. 

Et bien au cinéma la musique c'est pareil. Cela ne me pose pas de problème que la musique ressemble à celles de grands films (comme Inception et Cloud Atlas), mais l'effet est plus proche du rejet dû à un excès de sel qu'à une extase. Si je rajoute les explosions outrancières et les gazoullis des drones...
  • Les décors
On va jouer à un petit jeu : combien de décors du films ne se trouvent pas dans la bande annonce ? Moi j'ai compté (de mémoire) : 3 (sur 20 environ). J'appelle ça l'effet "La Tour Montparnasse Infernale" ou tous les bons gags du films étaient concentrés dans la bande annonce pour donner l'impression de profusion. Là, tous les décors sont collés les uns aux autres pour donner une impression d'immensité, de foison de décors.



Et bien moi je me suis senti à l'étroit dans ce film. Une histoire à portée planétaire devrait le montrer, et Oblivion ne le montre pas. On passe de la cage à lapins ultramoderne où le couple d'humains réside à quelques cartes postales américaines post-apocalyptique (un peu plus et je pouvais lire dans la bibliothèque  : "Le jour d'après was here", sur la statue de la Liberté : "La planète des singes was here", dans la cabane : "La petite maison dans la prairie was here" ...). On n'en voit qu'une petite zone du monde. Il paraît que le reste est radioactif, mais c'est un prétexte pour nous obliger à nous satisfaire de peu. Très peu.
  • Les personnages
Commençons par mes deux personnages préférés :

Victoria (Andrea Riseborough) : la "copilote" de Jack Harper (Tom Cruise) qui reste devant une table de contrôle pour guider Jack Harper, le soutenir pendant les missions "dangereuses", le couvrir dans ses "incartades" et accessoirement de relâcher la tension sexuelle du mâle alpha suscitée par ces missions "dangereuses".
J'ai trouvé que son personnage était le plus abouti du film. Une femme amoureuse, dévouée, avec de l'humour, fragile, déboussolée, jalouse. Dommage que son personnage soit secondaire.

Les drones : ce sont des robots de combat chargés de protéger des machines qui pompent l'eau de la Terre (ça me rappelle la série V) pour le salut de l'Humanité. Ce sont des grosses boules de technologie, toutes mimi, avec une façon bien à elles de désintégrer les chacals (ou chacaux ?) après avoir émis un petit gazouillis de bébé digitalisé. Et c'est ça que ces boules d'amour représentent pour moi : des bébés. Ils aiment leur nounou (Jack Harper alias Tom Cruise) et ne lui feront jamais de mal, ou si peu.  Ils obéissent à leur maman (la dame dans l'écran de contrôle) et se font harceler par ces vilains chacals. Ils ne sont pas méchants, ils ne font que suivre les ordres. Mon plus grand regret est que la relation entre Jack Harper et ces adorables bébés n'ait pas été développée. Un peu comme Sigourney Weaver dans Alien 3 qui caresse son petit alien qui sort de   
                          son ventre.

Passons maintenant à ceux que j'ai le moins aimé :


Jack Harper (Tom Cruise) : Cet homme n'a pas de passé (au mieux des souvenirs dont le montage fait moins de 15 minutes). Il fait la même chose tous les jours à savoir faire un looping à la Top Gun à bord de son hélicoptère du futur, regarder le paysage de carte postale cité précédemment, faire cuire un ou deux chacals et réparer le gentil drone... et niquer sa coéquipière. Et puis un jour son ex refait surface et fout le bordel dans sa vie. Dit comme ça, j'ai l'impression que Jack Harper s'est trompé de film. Non mais en fait on apprend que ce petit coquin ne nous a pas tout dit, et qu'il ne nous a pas attendu pour faire des choses intéressantes. C'est Morgan Freeman qui crache le morceau. Lui (enfin son personnage) a vu des trucs que moi, spectateur, je n'ai pas eu le droit de voir : "qu'est ce qui distingue Jack Harper de n'importe quel Quidam ?" et "Qu'est-ce qui en fait l'espoir de l'Humanité ?". Au bout du compte, je trouve que pour un héros, il s’assoit un peu vite sur sa responsabilité dans TOUT CE BORDEL. Il ne se remet même pas en question, alors qu'il pourrait. Notamment, il n'a aucun conflit intérieur dû à sa situation "singulière".
Passons au "fond" du personnage : C'est l'archétype du demi-dieu cher à ce vieux drogué d'auteur SF qu'était Ron Hubbard (fondateur de la scientologie), archétype pour lequel je ne peux pas éprouver de compassion, puisqu'il est le plus beau, le plus fort, que personne ne peut le toucher (ce n'étaient pas les cicatrices bidon sur le visage qui pouvaient faire illusion), même pas émotionnellement (ce n'était pas l'évocation d'une scène de copulation qui pouvait faire illusion). J'ai cru un moment que Jack Harper était parti pour jouer le énième héros qui se sacrifie pour sa cause, à grand renfort de références à des tragédies classiques. Et là, au pire, j'aurais conclu à un personnage bâclé. Mais ce à quoi j'ai assisté à la fin, c'est du sabotage. Même le sacrifice, ils ont réussi à le rater. J'ai eu plus de bonheur à voir les Humains gagner dans Independance Day, et pourtant c'était cliché.

? (je ne dis pas son nom sinon ce serait spoiler) : le méchant. Ben le méchant, je ne le trouve pas si méchant. Il représente l'archétype du prédateur, l'animal qui a besoin de manger d'autres animaux pour survivre, comme le loup ou le lion. Est-ce qu'un loup est méchant ? Ce sujet intéresse mes bambins, mais de mon point de vue c'est plié depuis longtemps :  un loup n'est pas méchant, c'est un loup, c'est tout. Alors comme c'est un loup de SF, il prend une forme technologique, une froideur mécanique, mais ça reste un loup. Il est rusé pour chasser ses proies, parce que c'est son instinct, mais en dehors de ça il est très naïf (très très naïf). Il n'y comprend rien aux humains (il en a fréquenté très peu finalement), et j'aurais bien aimé lui expliquer deux trois trucs avant la fin du film et ça se serait terminé différemment. Enfin bref, ? est assez plat (au figuré, parce qu'au propre, ? n'est pas plat). Et comme la valeur d'un homme se mesure à celle de ses ennemis, on en revient à la même chose : Jack Harper est plat lui aussi.

Les chacals : Ils sont sales, sans envergure, qu'on aurait dit sortis de n'importe quel film post apocalyptique. Leur costume n'est fait que pour berner le spectateur, c'est du grand n'importe quoi. Leur chef n'a aucune ambition, aucune rancune (et pourtant il pourrait). Après tant d'années il ne sait même pas protéger les siens. Au mieux c'est une guest star qui apporte du bankable au film.

Les chacals ne méritent pas plus que le sort que leur réservent mes amis les drones. A bas les chacals, vive les drones.  


Les autres personnages : Ah bon, il y en a d'autres ? Ne me dites pas que la figurante que l'on voit dans la deuxième partie du film est un personnage.
  • Le scénario
Si vous avez vu Amélie Poulain, souvenez-vous quand Amélie fabrique une fausse lettre d'amour du mari défunt de sa concierge. Cela donne une histoire bancale reconstituée à partir de véritables lettres, et leur lecture par la concierge provoque une cacophonie que celle-ci ne remarque pas. Ben voilà que j'en pense de ce scénario. Une orgie de copier coller. Attention je ne parle pas de plagiats, mais de références, et il n'y a rien d'illégal à ça. Sauf que c'est dysharmonieux. 

  • Bilan
La musique m'a cassé les oreilles / Un pet de lapin ne fait pas de bruit 0/1
Je me suis sentit à l'étroit / Le lapin aussi est à l'étroit 0/0
Je n'ai pas aimé les personnages principaux / J'aime bien le lapin même quand il pète 0/1
Le scénario est dysharmonieux / Un pet de lapin ça pue 0/0

Oblivion 0 / Pet de lapin 2

Conclusion : Oblivion ne vaut pas un pet de lapin

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